Pourquoi un CIL ? Au-delà de ses missions répertoriées, quelle sont ses contributions à la création de Valeur ? Comment peut-il participer à installer la confiance, racine de tout développement ?
La convergence numérique connecte toutes les personnes et les objets en quasi temps réel. Voulu ou à son insu, chacun(e) apparait désormais partout et durablement dans ce monde numérique qui modifie tous les équilibres, économiques et socials, professionnels et personnels. Nous entrons dans un nouveau paradigme à réinventer ensemble, mais aussi dans une zone de turbulence, de transgressions, de risques avérés autour des libertés et de la protection des données personnelles. Afin d’accompagner la transformation numérique par une création vertueuse de valeur pour tous, il est urgent d’installer également au sein de ce paradigme numérique les racines du développement durable de notre société, à savoir « la confiance ». Pour orchestrer cette spirale vertueuse, il faut à la fois maitriser la loi I & L et la mettre en musique au sein de l’organisation désormais ouverte de l’entreprise collaborative. Le correspondant informatique et liberté (CIL) est « la » personne qui réconcilie tous les intérêts de l’organisation étendue.
Dans un contexte économique devenu complexe, le business se réinvente sans cesse autour des produits, des services, de leurs usages, créant de nouveaux modèles d’affaires. Le CIGREF parle d’un modèle nouveau illustré par « VISOR » pour Valeur, Interfaces, Services, Organisation et Revenus.
La consommation, voire celle de la planète devient une préoccupation majeure, que personne ne peut désormais ignorer (voir COP21, changement climatique). Les marques qui cultivent leur notoriété et réputation sont tenues d’intégrer cette sorte de norme de respect.
L’association de ces deux dimensions « économique et écologique » nous amène à changer de paradigme, à proposer des offres attractives intégrant ces nouveaux paramètres, à trouver de nouvelles ressources contributives, ainsi que des sources de relais de productions et de revenus. Il est possible de les appréhender par la connaissance, le partage d’expérience des publics, des utilisateurs, des consommateurs. Cette connaissance peut aujourd’hui être construite à partir d’observations plutôt que de déclarations, réduisant ainsi les biais d’interprétation et augmentant la fiabilité des données ainsi récoltées.
La convergence numérique (reposant sur les NTIC, Nouvelles Technologies de l’Information et de Communication) transforme notre société, notre vie, nos modes d’échange, de communication voire de penser, dans tous les secteurs d’activités. Celle-ci étant aujourd’hui perçue comme une véritable révolution avec une dimension anthropologique, impactant par contagion tous les domaines (santé, transport, éducation, domotique, production, Etat, etc), allant même jusqu’à en créer de nouveaux comme l’économie de l’innovation. Francis Jutand dans La Métamorphose Numérique évoque un nouveau secteur de l’économie : le quaternaire (le « Numérique » vu dans sa globalité).
La convergence numérique est le prérequis et le support des réseaux qui relient les hommes, les organisations et les objets, par le réseau internet (IP : Internet Protocol) et le réseau social. Ces réseaux permettent de tracer, de collecter, de connecter des informations issues d’usages et de comportements de groupes ou de personnes individuellement identifiées, et cela en temps de plus en plus réel. Ils transportent des données numériques, quelque soit la source (texte, voix, image, son, etc), d’un point à un autre, en contexte pertinent.
Cette convergence numérique donne une valeur potentielle jamais égalée aux Données qui se révèlent donc au travers de leur variété, leur vitesse, leur volume, jusqu’au Big Data dont la promesse est de créer beaucoup plus de valeur que la « simple » data dont il se nourrit. Pour ce faire tout est expérimenté, via des relations, des corrélations, des modèles associatifs qui vont faire émerger des informations non visibles sans cela. La réconciliation de multiples sources de données exacerbe des niveaux de détails allant jusqu’à pointer précisément des périmètres ou zones de vie parfois très personnels.
Cette révolution numérique des réseaux et des données connectées, prolongées, transportées, révèle la « reliance » (concept qui s’impose dans les années post-68, sous l’impulsion de Marcel Bolle de Bal). A la notion de connexion, la reliance ajoute du sens au lien, de la finalité, l’insertion dans un système. La reliance possède une double signification qui recouvre à la fois l’acte de relier ou de se relier et le résultat de cet acte.
Toute cette richesse peut être exploitée, dans de multiples domaines, dont à des fins économiques et sociales, modifiant tous les équilibres en place, redistribuant les rôles et les pouvoirs.
Nous rentrons dans une dimension « servicielle » où la connaissance de la personne devient nécessaire à sa compréhension pour les producteurs, fournisseurs et distributeurs de produits et services, permettant un ciblage précis, une sollicitation qualifiée, une participation efficace dans des processus de co création qui produisent des offres de fait pré vendues issues d’une innovation collaborative dans un contexte de sérendipité et d’émergence.
La réconciliation des mondes physiques et numériques par une recherche d’unification des identités et des codes (adresse IP, numéro de tel, adresses emails, etc) permet de relier les terminaux (TV, smartphone, tablette, etc) et donne donc la possibilité de suivre une personne tout au long de ses déplacements, et de ses comportements. Cette traçabilité qualifiée ouvre un boulevard aux propositions commerciales qui par conséquent augmentent fortement le potentiel de transformation de l’offre en achat par ce ciblage précis.
De cette personnalisation peut naitre le meilleur et le pire autour du (non) respect de la loi informatique et libertés, de la (non) protection des données à caractère personnel. Des opportunistes exploitant à outrance la richesse promise des données (eldorado ?) aux maladresses issues souvent de méconnaissances, les dérives ou erreurs peuvent et doivent désormais être évitées, sinon dénoncées, voire sanctionnées avant que le système s’auto détruise. Il s’est fragilisé par des abus d’intrusions dans la vie privée des personnes sans que celles-ci en aient fait consciemment le choix ou exprimé clairement le désir, et sans qu’elles puissent ensuite, parfois, modifier ces informations construites à leur insu.
Dans ce contexte où toutes les organisations cherchent désormais à tirer parti de la donnée, présente au centre, ou enrichissant les produits et services, apportant la connaissance des usages et des expériences, encerclant les personnes et les objets, il devient urgent de repenser les conditions d’exploitation pérenne de ce qui est considéré comme un actif, la donnée parfaitement identifiée comme une sources de création de valeur, qu’elle soit personnelle ou non.
Les océans de données qui se déversent dans nos terminaux, nos applications, notre navigation, nos messageries, etc, banalisent leur présence tout en alertant sur leurs sources, la manière dont ces données ont été collectées auprès de qui, dans quelles conditions. Cela interroge sur les usages qui en sont faits et qui pourraient l’être dans un autre contexte (rachat de société, chaos politique, crise financière, etc), des abus possibles, des détournements voire usurpations.
Sans paranoïa l’histoire et l’actualité nous éclairent, l’intelligence économique nous renseigne, et excepté celles et ceux à qui profiteraient le laxisme ambiant, toutes et tous pointent l’urgence de rétablir un équilibre avec l’ensemble des acteurs et des utilisateurs par la confiance ! En effet celle-ci fournit les racines de l’existence et de l’évolution de nos sociétés, par la protection des biens et des personnes elle permet le développement économique et social. Par la transgression qu’il favorise tout en modifiant tous les équilibres, le numérique a tout remis en cause.
La confiance est une réponse nécessaire au rétablissement des conditions de création de valeur, c’est le développement durable du numérique. Elle concerne la crédibilité des acteurs, la fiabilité, l’éthique des données, leur durée de vie, les régulations qui empêcheraient les débordements, etc. Faute de règles les « profiteurs » fraudent, usurpent et détournent, créant de la défiance.
La confiance apporte une certaine sérénité indispensable à la croissance.
Tout cela converge donc vers une régulation, la garantie, la gouvernance et l’orchestration du respect des personnes qui s’exprime via celui de la loi I & L et de la protection des données personnelles.
Cette indispensable maitrise va au-delà de ces respects, en offrant la possibilité d’envisager et de tirer parti des nouveaux modèles d’affaires, vertueux pour tous.
En effet la connaissance de la réglementation permet son application dans le cadre adéquat, sans trop ni pas assez, créant ainsi un contexte vertueux pour toutes les parties.
L’organisation anticipe ses besoins en définissant les finalités de collecte de données, les traitements qui y seront associés. Dans un contexte de Big Data cela fournira un véritable support d’expression du besoin au Business pour éviter de trop s’éparpiller sans vision pertinente et valorisante.
Qui mieux qu’un CIL (correspondant informatique et liberté) par sa position stratégique, son rattachement hiérarchique, peut mener à bien cette mission de réconciliation des acteurs, de leurs intérêts, des connaissances métiers multiples de l’entreprise, des processus, des infrastructures et des flux, en mettant tous ces composants en relation avec les exigences vertueuses de la loi I & L, de manière dynamique et projetée vers le développement de l’organisation.
Par ailleurs et avec cette compréhension, le CIL est celui sur qui il est plus aisé de s’appuyer pour déterminer les possibles, les nouveaux business, les procédures à respecter, les informations à communiquer, souvent très en amont pour ensuite ne pas restreindre les usages attendus nécessaires, permettant donc d’utiliser le potentiel des données dans le respect de tous correctement informés, d’installer et/ou de rétablir la confiance sur laquelle s’appuie toute relation viable.
Maitriser pour ne pas s’interdire, dans le cadre vertueux de la règlementation, des régulations, dans le respect du code de la route de la donnée et de leurs flux pour ne pas transformer les autoroutes en une jungle où plus personne ne rêverait d’habiter ni de circuler.
Le CIL donne les clés de la bonne gouvernance de la donnée, il propose de lever l’ignorance en accompagnant les organisations dans leur fonctionnement et leur croissance, créant ainsi une valeur pour l’entreprise, les clients, les personnes, dans un contexte collaboratif impliquant des acteurs internes et externes aux organisations.
Gouverner et piloter pour ne pas subir ! Une spirale vertueuse où le CIL a toute sa place !
Auteur : Fabrice Benaut
Fondateur iDeaTrans SAS, CIL, Expert Innovation Data Digital Transformation, et Etudes de Marchés
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